Pour chaque tonne de déchets méthanisés, on produit, en parallèle du biogaz, en moyenne 930 kilogrammes de fertilisant naturel appelé digestat. Il s’agit de la fraction non dégradée par réaction de méthanisation de la matière organique introduite dans le digesteur. Le digestat se compose donc de matière organique, d’éléments minéraux naturellement présents sur Terre et d’eau. Il est valorisé différemment en fonction de sa composition. La majorité des digestats est utilisée comme fertilisant pour l’agriculture.

Source : Méthanisation agricole, quelles conditions de durabilité de la filière en France ? (WWF, mars 2020)

 

Le digestat est utilisé en tant que fertilisant ou amendement organique en fonction de sa valeur agronomique. Il est utilisé en tant que fertilisant lorsqu’il est riche en éléments nutritifs pour les plantes (azote, phosphore, potassium, soufre, magnésium, oligo-éléments) qui tend à se substituer aux engrais chimiques d’origine fossile. Le digestat est utilisé pour l’amendement lorsqu’il présente des qualités agronomiques prouvées tout en respectant toutes les caractéristiques d’innocuités nécessaire à la production alimentaire sur les terres amendées. L’épandage de digestat sur les cultures permet ainsi de nourrir les plantes ou d’améliorer le sol et de valoriser ce co-produit par un retour au sol.

Le digestat peut subir un traitement supplémentaire avant d’être épandu, comme le compostage et le séchage thermique. Le séchage thermique permet de diminuer le volume du digestat par évaporation de l’eau afin de faciliter son transport.
Mais le digestat peut également être incinéré ou placé en Installation de Stockage des Déchets Non Dangereux (ISDND), qui sont des sites d’enfouissement de déchets, lorsqu’il contient trop d’éléments indésirables comme des éléments traces métalliques, des agents pathogènes (virus, parasites), des contaminants organiques, des microplastiques ou des déchets inertes.

Utilisation des digestats et acceptabilité

Dans tous les cas, tout digestat produit, qu’il ait fait ou non l’objet d’une séparation de phase, est considéré comme un déchet et ne peut être valorisé agronomiquement qu’en faisant l’objet d’un plan d’épandage. Le plan d’épandage décrit les parcelles pouvant recevoir du digestat. Les obligations réglementaires liées au plan d'épandage dépendent du régime ICPE (déclaration / enregistrement / autorisation) de l'installation et varie en fonction des départements, du règlement sanitaire départemental, des arrêtés préfectoraux en vigueur, des décrets d’application départementaux de la directive nitrate. Dans tous les cas, la qualité du digestat doit être contrôlée avant son épandage.

Quel que soit le régime ICPE, l’épandage doit respecter des distances seuil par rapport aux tiers, cours d’eau, lieu de baignade, etc.. L'exploitant doit tenir à jour un cahier d’épandage afin de pouvoir le mettre à disposition de l’inspection des installations classées pendant 10 ans.

Source : Infométha - Plan d'épandage et digestats de méthanisation

 

Dans certains cas bien particuliers, le digestat peut sortir de son statut de déchet et devenir un produit organique épandable sans contraintes :

  • S’il est homologué et répond aux modalités fixées par l’arrêté du 22 octobre 2020 approuvant un cahier des charges pour la mise sur le marché et l'utilisation de digestats de méthanisation d'intrants agricoles et/ou agro-alimentaires en tant que matières fertilisantes.
  • S’il répond aux critères définis dans les normes d’utilisation (norme « amendement organique » NFU 44051 ou norme « composts à base de boues » NFU 44095).

La valorisation des digestats est un enjeu clé pour la viabilité d’un projet ainsi que pour son intégration locale. Les caractéristiques des digestats reflètent celles des matières organiques introduites dans les digesteurs, notamment en ce qui concerne les contaminants éventuels. La traçabilité des intrants et des digestats, ainsi qu’un suivi des effets sur les sols récepteurs (types de matières organiques, vie des sols, etc.) sont donc nécessaires pour d’une part s’assurer du respect des réglementations et d’autre part fournir aux riverains et autres acteurs des informations objectives.

Des pratiques inadaptées d’épandage de digestats peuvent entraîner des émissions d’ammoniac et des impacts sur les sols récepteurs, suscitant des tensions avec les riverains et d’autres acteurs. Il est donc essentiel de bien maîtriser leur valorisation, plus particulièrement ce qui concerne la nature des intrants et des post-traitements. D’autres éléments interfèrent également sur l’innocuité environnementale et sanitaire des digestats : procédé de méthanisation, état initial du sol, contexte climatique, modalités d’épandage, etc.